Bac Ha - 1
Bac Ha | La Foire de Can Cau

Bac Ha

Aujourd’hui nous allons à Bac Ha, une autre ville des montagnes, un peu plus isolée et que l’on espère moins touristique . Départ du minibus pour Lao Cai à 7h30. Là, nous prendrons un deuxième bus !
Malheureusement, comme il est d’usage ici, le chauffeur refuse de partir avant que son véhicule ne soit plein et nous passons une heure à tourner en rond ; visiblement pas grand monde n’a envie d’aller à Lao Cai , ce qui n’arrange pas nos affaires car il ne faut absolument pas qu’on rate la correspondance ! Je crois qu’il n’y a qu’un bus toutes les 24 heures

Ouf on arrive pile au bon moment : nous courons comme des dératés avec tout notre barda et montons dans le bus siglé  « Bac Ha » qui s’est heureusement arrêté à un feu rouge  ! Celui-ci nous dépose… 500 mètres plus loin dans une espèce de gare routière ! Visiblement je n’avais rien compris aux horaires car on y trouve le vrai bus pour Bac Ha . Bon l’important c’est de ne pas l’avoir raté et en plus je vais avoir le temps de prendre un petit dej.
Je prends un Phò sur un stand à coté et m’assoie à une grande table. Je fais sensation car visiblement j’ai une façon tout à fait étrange de le manger . Ça fait bien marrer tout le monde et les gens, très sympas, me montrent comment il faut faire . Ils sont impressionnés lorsque je sors mon Opinel pour couper un citron, mais l’effet produit tombe subitement à l’eau lorsque ma voisine me montre que les citrons sont déjà prédécoupés … J’ai encore plein de progrès à faire !

Pendant que je me goinfre, Sindy parle à un Japonais qui pense que nous nous sommes fait arnaquer en payant 50000 le billet . Il va donc déployer de nombreux efforts afin de payer au chauffeur ce qui lui semble être le juste prix pour son propre billet, mais malgré tout il devra également débourser 50000. Finalement on s’aperçoit assez vite que les Vietnamiens, eux, ne payent que 30000…

Comme d’hab’, le bus essaie de prendre le plus de monde possible et on se retrouve vite entassés, avec des gens assis au milieu sur leur sacs. Heureusement qu’on a une place assise, car le voyage doit durer plusieurs heures. Sur le toit, tout le monde entasse un nombre incroyable d’objets divers. Et c’est parti pour de la route montagneuse !
En chemin, nous nous arrêtons dans un village pour prendre des femmes de l’ethnie minoritaire « Hmong Fleurs ». Nous remarquons au passage que les « Viets » (les vietnamiens classiques) ont l’air de s’adresser à elles comme des merdes. En tout cas, Sindy y gagne une nouvelle voisine de bus plutôt « typique » et accompagnée de son petit bébé.
Au bout d’à peine quelques kilomètres je remarque une forte odeur de Papaye, un fruit que je déteste. Qui peut bien bouffer de cette saloperie ?? En fait c’est la voisine de Sindy qui est en train de se vomir dessus… et de s’essuyer sur les fringues de son bébé ! Sindy lui donne un bonbon à la menthe qu’elle a l’air bien contente d’accepter…

Nous arrivons finalement à Bac Ha qui est une ville beaucoup plus grosse que prévue : le plan du Guide du Routard n’indique trois rues alors qu’en fait y’en a partout autour de nous ! Le japonais, qui est déjà venu dix ans auparavant, n'a l’air de ne plus rien reconnaitre et nous dit d’un air dépité que tout a changé.
Nous, on en a plein le cul, alors on se dirige vers le premier petit hôtel que l’on voit. Il a l’air pas mal du tout et en plus il n’est pas cher. Cool !

Il est temps maintenant de louer des « motos ». En effet il n’y a absolument rien à faire à Bac Ha (d’ailleurs hormis le Japonais, nous ne croisons aucun touriste) et nous allons avoir besoin d’être motorisés pour parcourir les montagnes environnantes et surtout aller jusqu’à Can Cau, où se tiendra demain la foire hebdomadaire.
Mais pour une raison incompréhensible : personne ne veut nous louer de moto  ! Nous allons même à un « magasin spécialisé » qui en a plein, mais on nous rétorque qu’il n’y en a pas… en rigolant ! Visiblement ils se foutent de notre gueule…
Nous finissons tout de même par trouver des gars qui trainent et qui veulent bien nous louer les leurs. Au prix fort… 600 000 ! C’est énorme ! Mais apparemment on n’a pas trop le choix, et on a clairement pas envie de rester coincés en ville . C'est sympa de s’éloigner un peu des sentiers battus, mais du coup on se prive aussi des « infrastructures » et des services qui y sont disponibles...

Nos nouvelles "motos" nous permettent de partir immédiatement vers les villages environnant et les paysages traversés sont superbes  ! Malheureusement, nous nous rendons compte assez rapidement qu'elles sont vraiment pourries : la mienne cale tout le temps et aucune n’a de frein avant… ce qui s’avère assez problématique dans ces routes montagneuses... surtout lors des descentes  ! De retour dans la ville, ayant du mal à freiner, je prends un virage un peu large. Je me crispe alors par réflexe et commence à accélérer. Suit une scène plutôt ridicule où au lieu de relâcher mon poignet, je me crispe encore plus tout en essayent de retenir le scooter avec mes jambes  ! Finalement, je me retrouve à moitié sur le trottoir, non sans avoir accroché au passage un autre scooter
Ouf, je n’ai rien, mon véhicule n’a rien et l’autre moto non plus ! Par contre son propriétaire n’est vraiment pas content ! Je me répands en excuses et on s’en va assez rapidement
Mais 500 mètres plus loin je cale, et impossible de redémarrer ! Putain, on a quand même vraiment loué de la merde  ! Finalement on échange avec Sindy car elle possède une moto à Paris et devrait mieux se débrouiller que moi avec ce tas de boue.

Nous rentrons enfin à l’hôtel où on nous fait garer… dans le hall d’accueil ! Et nous rendons compte qu’à l’inverse de notre enthousiasme initial, les chambres ne sont finalement pas très propres et surtout : il n’y a pas d’eau chaude…
En rentrant de diner, nous croisons un chien qui nous aboie dessus violemment ! Vivement qu’on mange un de ses congénères ! Et oui, les Nord-Vietnamiens mangent du chien et on a bien l’intention d’essayer !



La Foire de Can Cau

C’est l’aube et on se gèle bien le cul : vu la propreté de la chambre nous avons préféré dormir dans notre drap de soie et il ne suffit pas à nous maintenir au chaud .
Notre chambre n’a toujours pas d’eau chaude. Celle d’en face n’étant pas fermée, nous tentons notre chance. Si là non plus il n’y en a pas, nous essaierons de changer d’hôtel. Finalement ce ne sera pas nécessaire. Par contre nous demandons à changer de chambre  !

Pendant que Sindy transvase nos affaires, j’essaie de voir avec la gérante où nous pourrions trouver de l’essence : nous devons aller à plus de 40km de la ville afin de rejoindre la foire hebdomadaire de « Can-Cau » et on n’a pas trop envie de tomber en panne au milieu de nulle part… Ne connaissant pas le mot Vietnamien adéquat, j’essaie de mimer en montrant ma jauge vide mais il n’y a rien à faire : elle se contente de hocher la tête en souriant et en me disant : « Yes, yes » . Bon, c’est pas grave, on demandera dans la rue.

De toute façon, on n’est pas parti : la moto de Sindy refuse encore de démarrer… mais cette fois elle est vraiment récalcitrante ! Une passante vient à notre secours et parvient à montrer à Sindy comment gérer la situation avec le « kicker » . Mais au moment où Sindy démarre, la meuf tient l’accélérateur et ne le lâche pas ! Du coup Sindy part violemment et, un peu comme moi hier, essaie de retenir le scoot avec ses pieds . Elle n’ira de toute façon pas bien loin : elle termine assez rapidement sa course dans le rétro d’un 4x4 qui passait par là … Oh putain, le gars va vraiment être furax : son 4x4 est clairement la plus belle voiture croisée jusqu’ici !
Et bah non, assez étrangement il est mort de rire et repart comme si de rien n’était !

Mais on n’est pas au bout de nos peines : trouver de l’essence c’est la misère ! Personne ne comprend rien à ce que l’on veut . Ils ne parlent pas Anglais, et moi pas Vietnamien. Alors j'essaie de me faire comprendre à l'aide de gestes explicites. Les Vietnamiens se montrent très intéressés et intrigués par ce que je veux leur leur faire comprendre, mais on est pas du tout sur la même longueur d'onde: je cherche une station et eux me montrent la jauge, ou bien l’emplacement du réservoir... Lorsque j’essaie un mime plus sophistiqué (j’ouvre mon réservoir et fais semblant de mettre de l’essence dedans ), les gens se rassemblent autour de moi et se marrent . Peut-être pensent-il que je fais une sorte de spectacle de rue ??
On fini quand même par trouver un gars qui comprend « petrol ». Ouf sauvés ! A partir du moment où on lui fait noter le mot Vietnamien (« Xang ») sur notre carnet, les gens nous indiquent rapidement la bonne direction et on fini par trouver notre station service. Nous pouvons enfin partir !

La route est superbe ! Mais nos motos toujours aussi capricieuses
On arrive tout de même au marché sans encombre.

Et c'est trop de la balle  ! Vraiment authentique. Il y a plus de touristes que je ne le pensais (mince, on a quand même tout fait pour être dans le trou du cul du monde  !!), mais ils ne sont tout de même pas très nombreux.
L’attraction de ce marché est la foire aux buffles.
J’essaie de comprendre comment se déroulent les enchères, mais je ne pige rien du tout : des types s’excitent en agitant des billets, et à la fin personne n’a l’air de repartir avec un buffle…

Pour la pause déjeuner, je m’installe à une échoppe et commande (encore) un Phò. C’est vraiment fun, je mange au milieu des Hmongs. Par contre les assaisonnements ne correspondent pas à ce que je connais. Du coup j’ai encore l’air d’un manchot en mangeant . Et en fait ce Phò n’est pas très bon
Sindy, quand à elle s’est acheté un beignet croyant en avoir un à la banane, mais finalement le goût est inconnu et indéfinissable

Assez rapidement dans l’après-midi, l’ambiance du marché retombe. On en profite pour marcher un peu et visiter un petit village juste à coté. Les habitants sont assez surpris de nous trouver là ! On se fait d'ailleurs finalement « chasser » par une vieille .

On reprend nos motos et on se dirige vers la Chine, toute proche. J’ai lu dans le guide que la zone était interdite aux touristes… alors c’est plutôt tentant d’aller y jeter un œil  !! Mais on ne s’attarde quand même pas trop...
Sur le retour, la moto de Sindy n’arrête pas de caler et a de plus en plus de mal à démarrer. Pour ma part, j’ai subitement du mal à passer les vitesses… Puis, lors d’une pause photo, la béquille de ma moto cède sous son poids… Putain, quelle chiotte ! La chute achève la poignée droite qui était déjà branlante et réparée avec du scotch…
Du coup après avoir rendu les scooters, on ne traine pas trop dans le coin : les proprios voudront certainement essayer de nous soutirer de la thune en niant leur état initial de décrépitude.

Le soir tombe et nous allons dîner, plus ou moins par hasard, dans la maison d’en face l'hôtel. Ca n’a pas vraiment l’air d’être un resto : juste une femme qui fait la cuisine à qui vient. Mais un mec qui en sort nous encourage à y entrer en nous disant que ce sera notre meilleur repas alors, on se lance.
On ne comprend pas trop ce qu’on va manger, mais ça s’avère être vachement bon ! Et extrêmement bon marché !