Sapa

6h du matin… nous sommes réveillés par une effroyable musique asiatico-kitche qui résonne dans tout le wagon  !
Je regarde par la fenêtre et il y a un brouillard de malade ! Je ne vois que quelques feuillages de temps en temps et rien d’autre ! J’espère que ça va se lever, car sinon c’est râpé pour les beaux paysages de montagne…

Arrivés à destination, on se fait une nouvelle fois immédiatement sauter dessus par une horde de « rabatteurs ». Putain ils ont l’œil ! Catégorie « couchettes  dures » oblige, on n’est pourtant pas descendu dans la même zone que la plupart des autres touristes…

En tout cas, y’en a un qui ne nous lâche pas d’une semelle et on fini par le suivre jusqu’à un minibus censé nous emmener jusqu’à notre destination finale : Sapa. Après deux trois indications à son pote le chauffeur, il nous réclame 8$ par personne ! Ah la bonne blague ! Comme je n’ai plus trop confiance, je m’étais renseigné avant et je sais qu’on n’en aura pas pour plus de 25000 Dong (2$). Je lui explique qu’on ne marchera pas dans son arnaque foireuse, il s’en va bien vénère et on paie la bonne somme directement au chauffeur…

Peu de temps avant d’arriver à Sapa, le brouillard se lève car nous passons au dessus des nuages. Ouf !!

Sapa est une ville ultra-touristique. Un point de passage quasi-obligé pour ceux qui vont dans les montagnes du nord. En effet, c’est dans cette région que l’on trouve de nombreuses minorités ethniques ayant su préserver leurs traditions. Chaque ethnie ayant un costume propre, très distinct des autres. De plus le paysage est magnifique et le temps généralement clément. Tellement que les colons en ont fait une station balnéaire entre les deux guerres mondiales. Et c’est vrai qu’on pourrait parfois se croire dans les alpes suisses.
Bref, comme on est complètement hors saison touristique, nous n’avons aucun mal à trouver un petit hôtel extrêmement confortable, et surtout méga pas cher ! L’inconvénient, c’est que la ville est également blindée de vendeuses d’artisanat qui nous accostent à toute occasion. Mais le contact reste très sympa, donc tout va bien !

Nous avons décidé de nous diriger à pied vers les villages environnant, peuplé de « Hmong noirs » en référence à la couleur de leur costume traditionnel.
Nous arrivons rapidement à l’entrée du village le plus proche, Cat Cat, et… c’est payant  ?!!? Bizarre… Une fois à l’intérieur, on se croirait à Disneyland : chaque maison est une boutique ! De nombreux occidentaux sont pris en charge pour les visiter. Bonjour l’authenticité … J’espère que la réputation de Sapa n’est pas surfaite et que c’est pas comme ça partout !
En cherchant à sortir du sentier battu, nous arrivons sur un pont. Au loin, des Hmong sont en train de moissonner. Je me prépare à sortir mon appareil photo lorsque Sindy me fait remarquer que je suis en train de marcher sur du linge qui sèche… ah merde ! J’avais pas fait gaffe  ! Mais quelqu'un d'autre a également remarqué que je piétine le linge… encore assez loin de nous, une meuf arrive l’air furax en brandissant sa faucille  ! J’avoue qu’on ne demande pas notre reste et on fait rapidement demi-tour . Je m’en veux quand même d’avoir marché sur le linge…


Après avoir traversé une petite rivière bucolique, nous nous dirigeons vers un autre village éloigné d’un peu plus de cinq kilomètres. Assez rapidement, nous tombons sur un groupe de "motorbikes" (taxis-motos) insistant lourdement pour nous ramener à Sapa . Ils ont un peu de mal à comprendre que l’on ne veut pas retourner en ville et surtout que l’on veut marcher à travers champs jusqu’au prochain village. Marcher pour le plaisir est un concept qui leur semble étranger... On arrive quand même à s’en débarrasser en leurs disant qu'éventuellement on aura besoin de leurs services pour le retour.

En tout cas, la balade vaut le coup  ! Cette fois, nous ne croisons plus un seul touriste et en traversant des paysages magnifiques nous pouvons observer les villageois en plein travaux dans les champs. On passe par plusieurs petits hameaux, où des enfants se mettent à nous suivre, intrigués par notre présence.
Un peu plus loin, j’aperçois, dans un champ surélevé, un buffle que je compte bien photographier ! Mais lorsque le "monstre", vraiment énorme, me remarque, il n’a pas l’air d’apprécier ma présence et se dirige rapidement vers moi ! Je me barre sans demander mon reste et me casse la gueule au passage…
Une excellente après midi quoi !!

Une seule ombre au tableau… tout au long du chemin, un des motorbikes croisés précédemment nous a suivis à distance ! Parfois on entendait au loin le bruit de son moteur, gâchant un peu l’ambiance bucolique…
Alors bien sûr, lorsque vient le moment de faire demi-tour, il nous aborde immédiatement pour nous proposer ses services ! Et évidemment, comme il faut qu’on se tape environ 10km en montée pour retourner à Sapa, il en profite et nous propose un tarif plutôt cher…
Oui mais voilà, on n’a pas l’intention de se faire carotte !! Du coup on bluffe en prétendant qu’on va rentrer à pied et qu’on n’a pas besoin de lui… Le voilà perplexe… et pris à son propre piège  ! Car il a en effet passé l’après-midi à nous suivre et si il rentre bredouille, ce sera beaucoup d’essence dépensée pour l’aller et le retour, en pure perte. Du coup il se ravise et nous demande alors de lui faire une proposition.
Je lui offre 30000 pour deux, sachant que le prix est tellement bas qu’on va forcément commencer à marchander . Mais, paniqué à l'idée d'avoir totalement perdu son après-midi, il accepte immédiatement ! Incroyable ! Notre bluff à vraiment bien fonctionné, car ça nous arrange quand même bien de ne pas rentrer à pied … D’autant plus que la nuit va bientôt tomber.

Comme nous sommes deux, notre nouveau chauffeur appelle, comme convenu, un de ses potes, et nous voilà partis ! Une fois arrivés, il essaie quand même de nous sous-tirer 60000, car on a utilisé deux motos. Oui mais on s'était mis d'accord pour 30000 et on le lui rappelle. Ce prix est vraiment très très bas, mais il nous a suivis pendant des heures alors qu’on lui avait dit dès le départ qu’on ne voulait pas de moto donc tant pis pour lui !
En tout cas, on comprend rapidement qu’il n’avait pas osé annoncer à son pote le prix négocié, et nous les laissons s’engueuler en pleine rue pour nous diriger vers un petit bar.

J’aperçois alors une grosse bombonne d’alcool… remplie de serpents ! Ca a l’air dégueulasse, mais j’ai trop envie de gouter ! Après renseignements, il s’agit d’un mélange d’alcool de riz, de venin et de bile de serpent… Mais ça ne me décourage pas  ! Malheureusement c’est plus pour la déco que pour la conso et la serveuse ne sait pas combien elle devrait me faire payer. En l’absence du patron, je vais devoir m’en passer.

J’irai donc me coucher un peu frustré, mais heureusement à la télé nationale ils passent une comédie musicale commémorant les 90 ans de la Révolution d’Octobre, la révolution ayant permis l'arrivée au pouvoir des soviétiques en Russie. C’est kitch au possible et finalement je m’endors assez rapidement...