COLCA CAÑON

Yanque

Arrivés devant notre bus, il ne paye pas de mine.
Chouette, enfin des vrais transports péruviens! Nos sacs étant assez gros, on les pose sur d'autres sièges et on prie pour que le bus ne soit pas plein...
En tout cas, nous qui voulions du confort spartiate, on est gâté ! Les amortisseurs sont inexistants, et le chemin tout pourri : on saute de partout en permanence ! Ce qui est rigolo aussi, c'est que des fois on s'arrête au milieu de nulle part pour prendre ou faire descendre des gens. Moi j'aime bien ce voyage.

Arrivés à Yanque, nous cherchons la religieuse, Madre Antonia, dont nous avait parlé le canadien. Plus trop pour squatter chez elle, car on ose pas, mais au moins pour lui dire bonjour, voire discuter un peu avec. On se sait jamais, ça peut être sympa !

Comme on ne la trouve pas, on se trouve un mini hôtel et bonne surprise, y'a un petit alpaga dans le jardin ! Cool, on en avait pas encore vu ! Moi j'aime bien les bêtes, alors je vais le voir pour le caresser. Comme il est encore jeune, il est plutôt craintif. Je me rendrai bientôt compte, que ce n'est pas du tout le cas des adultes...
En tout cas, quand il a soif, il boit l'eau de la lessive. Au début j'essaie de l'en empêcher, pensant que ce n'est pas très bon pour lui, mais visiblement ça ne le dérange pas alors je le laisse tranquille. Et puis il est rigolo avec de la mousse plein le museau !

Le repas du midi se passe bien, avec comme menu du foie d'alpaga... sauf que Nimbus se sent subitement malade. Après avoir ingurgité une décoction du cru à bas de plantes étranges, il va se coucher et je vais me balader tout seul. Je pars à la recherche de ruines Incas.
Le mec de l'hôtel qui pense que je suis incapable de me débrouiller tout seul, tient absolument à m'accompagner. Finalement, il me quitte au bout d'un tiers du chemin. Quand j'arrive aux ruines Incas, je suis un peu déçu : elle ne ressemblent pas du tout à ce que j'imaginais. En tout cas elles n'ont pas les pierres super bien ajustées ! Du coup je doute de leur authenticité, mais j'apprendrai plus tard que les fameuses pierres ne sont que pour les édifices publiques importants. Là il ne s'agissait que d'une petite bourgade.

En tout cas, c'est pas facile de traverser des champs en terrasse et je misère un peu pour rentrer. Je finis par suivre un berger, dont une des vaches file un coup de corne à une voiture qui passait un peu trop près, un peu trop vite !

La descente dans le canyon

Nous nous levons super tôt... à 4h !
Mais on fait bien, le bus est en avance . Nous arrivons sur la Plaza de Armas de Capanaconde, et nous sommes entourés par des chiens qui veulent se faire une femelle en chaleur. Pas très rassurant : ces chiens ont l'air complètement oufs !

Nous avons décidé de descendre à cet endroit, car au fond du canyon il y a des sources chaudes et la possibilité de dormir. Nous voici donc partis avec nos gros sacs !
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le paysage est magnifique. Les montagnes sont vraiment impressionnantes et nous écrasent. L'inconvénient c'est que la descente est assez ardue et la remontée sera bien pire. D'ailleurs on croise des occidentaux qui en chient bien...

Arrivés en bas, les couchages sont très sommaires, mais le nom d'Oasis est bien porté. On sympathise avec les backpackers déjà sur place et c'est rigolo, il y en a de plein de nationalités : des suisses, des canadiens et un hollandais. Plus tard nous serons rejoints par des écossais ! En tout cas nous sommes des petits joueurs : eux restent tous plus de trois mois et hallucinent quand on leur parle de nos trois semaines...

Il y a également un alpaga, mais il est adulte et d'une autre trempe que celui de la veille. Dérangé, il n'hésite pas à cracher... Heureusement, on l'entend renifler lors de la préparation, ce qui laisse le temps de se barrer : et oui contrairement à ce que l'on voit dans Tintin, ce n'est pas de l'eau que ces gentilles bébêtes crachent ; plutôt des gros glaviaux !
En tout cas, moi je les aime bien : ils sont fiers et arrivent à se faire respecter !

Nimbus est bien motivé pour faire une randonnée remontant par l'autre versant, mais on craque et on abandonne au bout du tiers... Néanmoins en rentrant, nous croisons un muletier et nous louons ses services pour porter nos bagages le lendemain. On a pas tout perdu !

En rentrant on se fait une partie de volley : francophones vs péruviens. Ils trichent à fond, mais comme on est les meilleurs on parvient à faire égalité !

Le soir, après un repas constitué de... soupe Maggi (sic!), on se prend un bouteille de Pisco et on boit tous ensemble en refaisant le monde...

La remontée de la mort

Le lendemain matin, au réveil, on ne voit personne.
Bah c'est pas grave, on va mouler dans la piscine ! Ca nous permet d'être les premiers à accueillir une nouvelle venue : une française venue faire du commerce équitable. C'est ça qui est cool dans cet endroit : des gens arrivent et en partent en permanence ; c'est très vivant !
Et puis l'ambiance est très sympa et roots : Aaron le suisse, est même obligé de faire la bouffe, car ça saoule le mec qui gère le camp.
Ce dernier repas ici est vraiment chouette : on se met à plusieurs autour de l'alpaga pour jouer à une version andine de la roulette russe. Chacun notre tour on l'embête un peu et le premier qui se fait cracher dessus a perdu. Et c'est tombé sur... le québécois !
Pendant ce temps, Sandra, la nouvelle venue, apprend les secrets du marchandage à la péruvienne à Nimbus. Je dois dire que jusqu'ici ça nous échappait un peu. A partir de cet instant, on s'est senti vachement plus à l'aise !

Le seul point négatif de ce repas ce sont les mouches. Des espèces de mini-mini-mouches qui piquent ! Comme je suis jambes nues, c'est festival ! Mais bon, mon sac est loin, il fait chaud, j'ai la flemme d'aller chercher mon fut'. Et puis après tout, c'est pas cinq mouches qui vont me manger !!

Mais bon, on traîne on traîne, et c'est l'heure de partir ! Les Suisses nous précèdent de peu et on se donne rencart dans un hôtel en haut. Nous on rejoint notre muletier et c'est parti pour la remontée qui nous a fait angoisser depuis qu'on est en bas.

Et on a eu raison : c'est la misère !!! Il fait super chaud, c'est dur. On a vraiment bien fait de ne pas prendre nos sacs de 15kg sur le dos. Le muletier et sa mule eux, avancent comme des ouf ! En cinq minutes on les perd de vue. Le mec avait l'air honnête mais un léger doute subsiste : on fait quoi s'il se barre avec nos sacs ?...

Vers la fin, on fait tout de même une rencontre mémorable. Une vieille femme est assise et file de la laine, en attendant d'éventuels randonneurs. En fait elle vend de l'eau et du coca ! C'est trop le bon plan : des tas de mecs apparemment tentent la remontée sans boisson ! On discute un peu et je lui prend un coca tellement je trouve qu'elle assure !
Puis nous voilà repartis et on finit par rejoindre notre muletier qui nous a attendu... 1h30 ! Le reste du trajet se fera avec nos sacs sur le dos.

Arrivés à l'hôtel de notre rencard, pas de bol : plus de place. J'essaie de savoir si les suisses ont une chambre, mais la réception est catégorique : non ! Ah merde...
Bon, on va a l'hôtel d'en face et là ils ont des chambres.. mais pas d'eau chaude ! Putain c'est notre veine ce soir ! Et en plus je me rend compte que les piqûres de mouches du midi sont loin d'être anodines : ma cheville enfle et devient violette !!!

Bon, mais c'est pas tout, la faim étant la plus forte, on va dans un petit resto et le mec n'a tellement rien qu'il doit faire les courses en fonction de ce qu'on commande !... Et là surprise : on entend la voix des suisses qui en fait sont dans une chambre juste à coté ! On va les voir et nous passons la fin de la soirée ensemble.